Jour 8 : Cluj Napoca - Baia Mare
Cauchemard sur routes Roumaines

Après avoir pas mal réfléchi pendant la nuit je décide de prendre la direction de Baia Mare, une ville au Nord Ouest de la Roumanie, pas très loin de Cluj Napoca et entourée par les Carpathes et la Transylvanie. Elle est proche de la frontière Ukrainienne. Une fois arrivé là bas je déciderais ou non de passer la frontière.
Une petite étape donc afin de se remettre les idées dans l'ordre et prendre le temps de se retaper ce matin. Je traine un peu en ville, en passant par l'église orthodoxe qui est superbe à l'intérieur et devant l'opéra. Dans certains quartiers ne sont que des HLM ou maisons délabrés, la misère est partout. Le temps de prendre un petit déjeuner et me revoila reparti.

Chose étonnante ce matin, le soleil à presque disparu du ciel, il est devenu très gris et l'atmosphère très humide, cela sent l'orage. Je traverse la ville de Cluj Napoca direction le Nord, vers Dej. La route est une véritable abomination, complètement défoncée, presque impraticable. Arrivé à Clej c'est encore pire que ce que je pouvais imaginé, les rues sont dans un état apocalyptique, c'est un véritable miracle de tenir debout avec le SV. Je fais une pause dans une station service et c'est reparti, direction Baia Mare.

L'état de la route s'améliore très légèrement mais reste incroyablement mauvais. Peu de temps après avoir quitté Dej, la pluie commence à tomber. Escale donc pour enfiler au plus vite la tenue de pluie. Les gosses sur les charretes me regardent avec étonnement enfiler ma "tenue de plongeur". Il était grand temps car la pluie se transforme en un véritable déluge et rend les conditions de conduite épouvantables. Je pense même à m'arrêter le temps que cela se calme, mais où, il n'y a absolument rien autour de moi, la route s'enfonce toujours plus dans les montagnes. Mais peut-on encore appeler cela une route, les nids de poules et ornières sont noyés sous des torrents de pluie, je ne vois quasiement plus où je met les roues. L'adherence est très mauvaise à la fois à cause de l'état de la route mais aussi parce qu'elle est très grasse et glissante. La pluie est tellement dense que je ne vois presque plus rien, avancer sur la route qui serpente dans les montagnes est une véritable acrobatie, devenue un jeu avec la vie, ou avec la mort.Je dois l'avouer, je pense n'avoir jamais autant galéré à moto et eu peur pour ma vie que ce jour (ex-co avec la tempête en Islande). Je compte littéralement un à un les kilomètres qui me séparent de Baia Mare...

J'arrive bien péniblement à cette ville au bout de 2 heures, la pluie ne cesse toujours pas, avec toujours la même intensité. Les rues de la ville sont aussi pitoyables que dans les autres ville roumaines, la seul différence est qu'elles sont ici inondées, vu que les égouts ou les systèmes d'évacuation d'eau sont quasi inexistant. Il n'est pas rare de voir des "flaques" de plusieures métres de long et parfois profonde de 20-30cm à cause de tout les trous qui peuvent s'y cacher. Sous ce déluge je n'arrive pas à trouver l'auberge que je pensais rejoindre. A bout de force et de nerfs je me rabat sur un motel près d'une station service. La tête de la receptionniste me voyant entrer ruisselant d'eau de partout m'aurais normalement fait mourir de rire, mais je n'en ai pas le coeur.

Arrivé dans la chambre je me débarrasse de mes affaires et tente de faire sécher ce que je peux. Dehors la pluie diluvienne ne cessera que tard dans la nuit.

Cette journée aura été un véritable cauchemard. J'aurais à peine parcouru 150km en près de 4 heures. Je ne peux pas continuer à rouler dans ces conditions, c'est beaucoup trop dangeureux, je joue littéralement avec ma vie. Je prend la décision de quitter la Roumanie le lendemain. La route passera à une quizaine de kilomètres de la frontière de l'Ukraine, j'y tenterais ma chance en tentant d'aller jusqu'à Mukachëvo pour tenter de rejoindre Lvi'v par la suite. Si ce n'est pas possible je retournerais en Hongrie pour pousser au Nord, vers la Slovaquie...